mercredi 17 août 2016

Retour vers le Ronglet

Article publié par Ivan

Cette saison est l'occasion de poursuivre l'un des "chantiers" du Ronglet, le deuxième, bien plus prometteur que le premier (voir article du 1er octobre 2015).
J'y suis retourné pour ouvrir la 4ème longueur et évaluer l'intérêt de poursuivre ou non. Trouver un cheminement dans cette immensité calcaire n'est pas chose aisée. De loin, cette face nord ressemble à une grande dalle à peu près plate, on imagine des itinéraires sur photo, mais lorsque l'on est dedans, les lignes n'ont plus le même aspect, des dièdres se transforment en cheminées, des cheminées se creusent, des petites barres de dévers apparaissent, les petits surplombs prennent de la hauteur, de la largeur aussi... La dalle est couchée, elle ne semble pas très raide, mais là encore, une fois dedans, c'est raide et ça grimpe. Au fur et à mesure que l'on prend de la hauteur, lorsque le regard ne cherche pas le chemin possible au-dessus, il plonge droit en dessous vers la raillère, et l'on prend alors conscience que la montagne peut changer radicalement d'aspect. Ne pas se fier aux apparences...
La 4ème longueur m'a encouragé à poursuivre, je voulais arriver au-dessus du mur qui nous bloquais avec Joach. Mais c'est une autre grande surprise qui m'attendait : au milieu de la longueur 4, je tombe sur un joli piton jaune ! Est-ce un piton de la cordée Cassou-Dufraisse qui a ouvert dans cette face nord le premier itinéraire ? Je tente de récupérer ce piton, mais il est impossible à bouger ! J'ai pourtant un marteau à dépitonner, mais l'engin ne bouge pas, par contre le métal travaille et je sens bien que si je m'obstine il va se rompre en deux. Je le laisse donc... Je comprends pourquoi il a été laissé ! Je mesure à cet instant l'engagement qu'il a fallu pour venir ici avec seulement pitons et coinceurs, et pour sortir la face dans la journée ! On se sent encore plus petit dans cette immensité. Mais les temps changent, les pratiques également, les lignes suivies ne sont plus les mêmes malgré quelques croisements inévitables.
Une journée supplémentaire avec Nico nous a permis de rajouter deux longueurs, avec un cheminement conseillé par Stéphane au talkie-walkie depuis la raillère. Le pauvre ne pouvait pas grimper suite à une blessure au dos, il est néanmoins venu nous donner un coup de main, notamment pour porter du matériel. Après L5 nous sommes donc remontés vers la droite le long d'un pilier très beau pour rejoindre la grande dalle, enfin ! Je pense que c'est là, à R5, que nous avons quitté l'itinéraire Cassou-Dufraisse qui a du continuer tout droit dans un grand dièdre-cheminée. Au final et après étude de l'itinéraire de ces pionniers dans le Guide Ollivier, il me semble que nous avons L4 et L5 en commun.
Décidément, ce cheminement est de plus en plus prometteur, nous prenons un grand plaisir avec Nico, Stéphane a hâte de se rétablir afin de pouvoir venir apporter sa contribution. Nous sommes pour l'instant avec des longueurs de V/V+, avec quelques pas de 6a par ci, par là. Nous équipons au perfo en équipement "sportif", ne souhaitant pas mettre trop de matériel et dans le but d'économiser aussi la batterie; nous n'en avons qu'une seule avec 18 à 20 trous d'autonomie. La longueur la plus équipée est L4, avec 10 points pour 60 mètres. Par contre, la nature de rocher permettra de rajouter des coinceurs ou microfriends.

Des plans, des stratégies se mettent en place : poursuivre la voie devient de plus en plus difficile car nous commençons à prendre de la hauteur; 6 longueurs, ça fait déjà 240 mètres à remonter, après les deux heures de marche d'approche. Quand allons-nous tenter "l'assaut final" ? Allons-nous le faire avec un bivouac en paroi ? Il faut aller un peu plus haut pour en savoir plus.
Je suis revenu une troisième fois afin de poursuivre. Les 60 mètres de L7 dans la grande dalle se sont avérés magnifiques. Convaincu que c'est la ligne à suivre, en redescendant je rejoins le premier chantier (celui ouvert avec Joach et que nous n'allons certainement pas poursuivre) afin de récupérer l'équipement.
Enfin, le 15 août, Stéphane étant rétabli, nous revenons au Ronglet. Nous ouvrons L8 (60 m) et L9 (50m). Nous terminons la journée "rincés", physiquement, nerveusement. Nous estimons être au maximum de l'aller-retour dans la journée, autrement dit, la prochaine venue doit être "l'assaut final". Bivouac à la cabane et départ très très tôt ? Bivouac en paroi avec sac de hissage ? Même si nous estimons être à 4 ou 5 longueurs du sommet, la barre de surplombs semble nous gêner quelque peu. En effet, si nous avons l'impression qu'elle n'est pas très large, horizontale, droit sous le sommet, elle remonte en fait en oblique sur la gauche jusqu'à la crête sommitale. Bref, il y a encore quelques inconnues, ce qui rend l'aventure un peu plus fantastique ! D'une manière générale, nous sommes pour l'instant dans un cheminement très logique remontant ce qu'il y a de plus beau et de plus compact (c'est l'avantage du perfo, qui permet de ne pas suivre forcément les lignes de faiblesse). C'est pour l'instant très beau, mais encore une fois, attention aux apparences : si nous sommes tout le temps dans du V/V+ (quelques pas de 6a), l'escalade, sans être difficile, n'est jamais facile. L'environnement grandiose intimide, la grimpe demande une attention de tous les instants, avec quelques passages délicats (c'est la montagne).
Aujourd'hui, avec 9 longueurs pour 415 m, nous sommes à peu près aux 3/4 de la voie. Pour info, le 15 août, lorsque nous avons ouvert L8 et L9 avec Stéphane, nous avons quitté la voiture le matin à 7h00 et l'avons retrouvé le soir vers 19h30. Les journées sont bien remplies là-bas. Nous espérons pouvoir atteindre le sommet avant cet automne. Il nous faudra le temps de compléter le nettoyage (quelques blocs instables), l'équipement à certains endroits (les zones délicates), trouver le meilleur cheminement de retour... beaucoup de travail en perspective ! Les journées vont rapidement raccourcir, la fin de saison approche pour le Ronglet, aurons-nous le temps cette saison ?
En attendant, voici des photos de ces différentes journées.




























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