vendredi 26 août 2016

Ronglet : On l'a fait !

Article publié par : Ivan

Mercredi et jeudi 24 et 25 août, Nico et moi sommes retournés au Ronglet pour l'assaut final.

Bivouac au pied de la voie, attaque de l'escalade à 7h45... Le sommet à 14h30 !!! Journée fantastique pour une nouvelle voie en vallée d'Aspe : "Yellow", 615m, 6a max, 13 longueurs. Nous avons suivi une ligne logique le long de successions de dalles, toutes plus belles les unes que les autres, entrecoupées parfois de passages "délicats", mais c'est ce qui fait le charme et la particularité de la montagne.

"Yellow", car ce piton jaune trouvé dans la 4ème longueur nous rappelle que quoi que l'on fasse, le lieu est chargé d'histoire. Fernand Cassou a parcouru cette face Nord de long en large, avec des amis, avec sa femme, et même seul.
"Yellow" car le ciel étoilé, mercredi soir, était splendide.
"Yellow" car le soleil de plomb, jeudi, nous a assommé : pas un souffle d'air pour nous rafraîchir, ce fut difficile et éprouvant.
Enfin "Yellow" car j'adore cette chanson de Coldplay que j'ai eu en tête toute la nuit précédent "l'assaut final", lorsque j'admirait toutes ces étoiles au-dessus de la silhouette du Ronglet, confortablement installé dans mon duvet.

La voie comporte 13 longueurs ne dépassant jamais le 6a, dans une cotation générale de V+. Tous les relais son équipés, toutes les longueurs son équipées, mais de manière parfois très aérée. Des jeux de petits coinceurs et de microfriends seront conseillés pour la parcourir, au cas où. Nous allons réaliser un topo précis, avec l'approche et le retour, nous allons retourner dans la voie rajouter quelques points. Néanmoins, il est possible de la parcourir "en l'état", n'hésitez pas à nous écrire pour avoir tous les détails si vous voulez y aller avant la fin de saison.
Ce qui est certain, c'est que même si ce n'est pas très difficile techniquement, c'est une course très exigeante physiquement, les 615m grimpent vraiment, il faut compter environs 2h de marche d'approche, 6 à 7h pour l'escalade, 2 à 3h pour le retour.
C'est une course engagée (malgré l'équipement), car il n'y a pas de refuge et le téléphone portable ne passe pas...
C'était tout simplement... Fantastique !

LE TOPO ICI

Quelque photos :



Nico dans L8

Le haut de L10

 Dans L13

 The summit !



Deux mecs heureux (mais pas au bout de leur peine !)

Retour, ou comment éviter une arête dangereuse dans un trou naturel

Nico le spéléo !



mercredi 17 août 2016

Retour vers le Ronglet

Article publié par Ivan

Cette saison est l'occasion de poursuivre l'un des "chantiers" du Ronglet, le deuxième, bien plus prometteur que le premier (voir article du 1er octobre 2015).
J'y suis retourné pour ouvrir la 4ème longueur et évaluer l'intérêt de poursuivre ou non. Trouver un cheminement dans cette immensité calcaire n'est pas chose aisée. De loin, cette face nord ressemble à une grande dalle à peu près plate, on imagine des itinéraires sur photo, mais lorsque l'on est dedans, les lignes n'ont plus le même aspect, des dièdres se transforment en cheminées, des cheminées se creusent, des petites barres de dévers apparaissent, les petits surplombs prennent de la hauteur, de la largeur aussi... La dalle est couchée, elle ne semble pas très raide, mais là encore, une fois dedans, c'est raide et ça grimpe. Au fur et à mesure que l'on prend de la hauteur, lorsque le regard ne cherche pas le chemin possible au-dessus, il plonge droit en dessous vers la raillère, et l'on prend alors conscience que la montagne peut changer radicalement d'aspect. Ne pas se fier aux apparences...
La 4ème longueur m'a encouragé à poursuivre, je voulais arriver au-dessus du mur qui nous bloquais avec Joach. Mais c'est une autre grande surprise qui m'attendait : au milieu de la longueur 4, je tombe sur un joli piton jaune ! Est-ce un piton de la cordée Cassou-Dufraisse qui a ouvert dans cette face nord le premier itinéraire ? Je tente de récupérer ce piton, mais il est impossible à bouger ! J'ai pourtant un marteau à dépitonner, mais l'engin ne bouge pas, par contre le métal travaille et je sens bien que si je m'obstine il va se rompre en deux. Je le laisse donc... Je comprends pourquoi il a été laissé ! Je mesure à cet instant l'engagement qu'il a fallu pour venir ici avec seulement pitons et coinceurs, et pour sortir la face dans la journée ! On se sent encore plus petit dans cette immensité. Mais les temps changent, les pratiques également, les lignes suivies ne sont plus les mêmes malgré quelques croisements inévitables.
Une journée supplémentaire avec Nico nous a permis de rajouter deux longueurs, avec un cheminement conseillé par Stéphane au talkie-walkie depuis la raillère. Le pauvre ne pouvait pas grimper suite à une blessure au dos, il est néanmoins venu nous donner un coup de main, notamment pour porter du matériel. Après L5 nous sommes donc remontés vers la droite le long d'un pilier très beau pour rejoindre la grande dalle, enfin ! Je pense que c'est là, à R5, que nous avons quitté l'itinéraire Cassou-Dufraisse qui a du continuer tout droit dans un grand dièdre-cheminée. Au final et après étude de l'itinéraire de ces pionniers dans le Guide Ollivier, il me semble que nous avons L4 et L5 en commun.
Décidément, ce cheminement est de plus en plus prometteur, nous prenons un grand plaisir avec Nico, Stéphane a hâte de se rétablir afin de pouvoir venir apporter sa contribution. Nous sommes pour l'instant avec des longueurs de V/V+, avec quelques pas de 6a par ci, par là. Nous équipons au perfo en équipement "sportif", ne souhaitant pas mettre trop de matériel et dans le but d'économiser aussi la batterie; nous n'en avons qu'une seule avec 18 à 20 trous d'autonomie. La longueur la plus équipée est L4, avec 10 points pour 60 mètres. Par contre, la nature de rocher permettra de rajouter des coinceurs ou microfriends.

Des plans, des stratégies se mettent en place : poursuivre la voie devient de plus en plus difficile car nous commençons à prendre de la hauteur; 6 longueurs, ça fait déjà 240 mètres à remonter, après les deux heures de marche d'approche. Quand allons-nous tenter "l'assaut final" ? Allons-nous le faire avec un bivouac en paroi ? Il faut aller un peu plus haut pour en savoir plus.
Je suis revenu une troisième fois afin de poursuivre. Les 60 mètres de L7 dans la grande dalle se sont avérés magnifiques. Convaincu que c'est la ligne à suivre, en redescendant je rejoins le premier chantier (celui ouvert avec Joach et que nous n'allons certainement pas poursuivre) afin de récupérer l'équipement.
Enfin, le 15 août, Stéphane étant rétabli, nous revenons au Ronglet. Nous ouvrons L8 (60 m) et L9 (50m). Nous terminons la journée "rincés", physiquement, nerveusement. Nous estimons être au maximum de l'aller-retour dans la journée, autrement dit, la prochaine venue doit être "l'assaut final". Bivouac à la cabane et départ très très tôt ? Bivouac en paroi avec sac de hissage ? Même si nous estimons être à 4 ou 5 longueurs du sommet, la barre de surplombs semble nous gêner quelque peu. En effet, si nous avons l'impression qu'elle n'est pas très large, horizontale, droit sous le sommet, elle remonte en fait en oblique sur la gauche jusqu'à la crête sommitale. Bref, il y a encore quelques inconnues, ce qui rend l'aventure un peu plus fantastique ! D'une manière générale, nous sommes pour l'instant dans un cheminement très logique remontant ce qu'il y a de plus beau et de plus compact (c'est l'avantage du perfo, qui permet de ne pas suivre forcément les lignes de faiblesse). C'est pour l'instant très beau, mais encore une fois, attention aux apparences : si nous sommes tout le temps dans du V/V+ (quelques pas de 6a), l'escalade, sans être difficile, n'est jamais facile. L'environnement grandiose intimide, la grimpe demande une attention de tous les instants, avec quelques passages délicats (c'est la montagne).
Aujourd'hui, avec 9 longueurs pour 415 m, nous sommes à peu près aux 3/4 de la voie. Pour info, le 15 août, lorsque nous avons ouvert L8 et L9 avec Stéphane, nous avons quitté la voiture le matin à 7h00 et l'avons retrouvé le soir vers 19h30. Les journées sont bien remplies là-bas. Nous espérons pouvoir atteindre le sommet avant cet automne. Il nous faudra le temps de compléter le nettoyage (quelques blocs instables), l'équipement à certains endroits (les zones délicates), trouver le meilleur cheminement de retour... beaucoup de travail en perspective ! Les journées vont rapidement raccourcir, la fin de saison approche pour le Ronglet, aurons-nous le temps cette saison ?
En attendant, voici des photos de ces différentes journées.




























lundi 1 août 2016

Pico de Anayet - Los balcones de Anayet

360 m / V+ (V oblig.) / (e)

Voie ouverte par Luis Royo et Julio Benedé en 2010

Matériel : Corde à double de 40 m ou de 50 m si l'on souhaite enchaîner L2 et L3 et L10 et L11 comme nous l'avons fait, 12 dégaines, quelques sangles et éventuellement quelques friends si l'on se sent un peu limite.

Accès routier : Remonter la vallée d'Ossau, passer le col du Pourtalet et se garer au parking supérieur de la station de Formigal qui se trouve peu après le col.

Approche : Normalement, l'approche "la plus normale" part de la station Anayet mais comme la route d'accès à celle-ci depuis le Corral de las Mulas est fermée durant l'été, il est préférable de partir depuis le parking supérieur. Du parking, suivre la piste qui mène au port de Canal Roya puis se diriger à flanc vers les cascades de Canal Roya. Avant d'arriver aux cascades, aller vers la gauche afin de surmonter une barre rocheuse à l'endroit où celle-ci est la moins haute (passage équipé de cordes et de cables) et accéder au plateau qui se trouve au pied du pic d'Anayet. De là, traverser le plateau et accéder au pied de la face E.

Retour Du sommet : suivre la voie normale du pic d'Anayet (sentier et passage avec chaîne) pour rejoindre le col entre le pic et le Vertice d'Anayet puis descendre sur le plateau afin retrouver l'itinéraire d'approche.

Stéphane et Denis.
Lorsque Denis, un ami de trente ans qui n'avait pas réellement grimpé depuis fort longtemps, m'a contacté pour aller grimper, j'ai cherché une voie de plusieurs longueurs, assez facile et se déroulant en montagne. Après quelques recherches, je suis tombé sur le topo d'une voie entièrement équipée ouverte en 2010 par des membres de l'équipe Sendero limite dans la face E du pic d'Anayet. Cette voie, qui s'appelle Los balcones del Anayet, je ne l'avais jamais parcourue parce que je pensais honnêtement qu'elle ne valait sûrement pas la peine d'être faite compte tenu de la piètre réputation du rocher de l'Anayet. J'avais tort. Contrairement à ce que je pensais, la ligne est belle, le rocher est de qualité tout à fait acceptable et les passages d'escalade sont intéressants. De plus l'équipement en place (spits de 8 mm et goujons de 10 mm) rend cette voie relativement sûre et accessible au plus grand nombre. L'itinéraire est évident et l'on ne rencontre pas vraiment de grosses difficultés à l'exception de la L4 (voir topo) qui, à mon avis, se révèle être un bon V+ en libre d'autant plus que les prises de pieds sont assez patinées. Au niveau de la qualité du rocher, les premières longueurs (celles avant la longueur en V+) sont assez délicates et il faut parfois se faire léger mais très vite celui-ci s'améliore et devient très bon notamment dans les longueurs médianes. Par contre, si vous voulez grimper dans le calme et la sérénité, attention toutefois à ne pas attaquer la voie trop tard car elle semble très prisée par nos amis espagnols. Bref, pour un niveau de difficulté très modéré, c'est une très belle voie qui permet de gravir un sommet magnifique et qui réserve de très beaux points de vues sur les environs. Pour finir, un grand merci à Denis qui s'en est très bien sorti (à croire qu'il n'a jamais arrêté l'escalade !) et avec qui j'ai passé une très agréable journée ponctuée de souvenirs et d'anecdotes concernant nos jeunes années de grimpe.

Quelques photos.


Le topo (avec une corde de 50 m, nous avons enchaîné L2 et L3, L10 et L11).
Le pic d'Anayet.
Pendant l'approche, passage de la barre rocheuse à gauche des cascades de Canal Royal.
La face E du Pic d'Anayet avec le tracé de la voie.
Denis dans L1.
Denis en action dans la longueur en V+.
Un peu plus haut.
Sur les belles dalles de la partie médiane de la voie.
Sur l'arête finale.
Au sommet.
Depuis le sommet, vue sur le pic du Midi d'Ossau.
Les chaussons de Denis : des E.B. datant du siècle dernier !
Au début de la descente, vue sur le col qui se trouve entre le pic et le Vertice de Anayet.